Gignac : le vieux mas Fongal compte encore de beaux jours
“Les Lapeyre tiennent la dernière cave particulière du cœur de ville”
Ils ont passé les crises. En bons résistants, les Lapeyre, vieille famille de vignerons, dont le Mas Fongal remonte bien avant la Révolution, n’ont pas dit leur dernier mot. Viticulteurs de pères en fils, ils tiennent aujourd’hui la seule cave particulière du cœur de Gignac. « On ne compte pas, bien-sûr, les domaines extra-muros qui continuent à travailler ta vigne. Et dire qu’à une époque, avant la construction et la fédération autour de la cave coopérative. toutes les maisons fabriquaient leur vin, souligne Georges lapeyre. Un autre temps.
Alors que beaucoup ont été forcés de mettre la clé sous la porte dans le village, les Lapeyre ont tenu bon. II faut dire que jamais la lignée ne s’est tarie. Pas plus que la passion. « Mon grand-père XaVier – fut aussi maire de Gignac – a passé la main à mon père Joseph et mon oncle Henri raconte Georges. Tout naturellement, ce dernier s’est investi dans la vigne. “Mon père avait besoin de main-d’œuvre !” Deux de ses trois frères, Jacques et Jean-François, ont suivi le même chemin. « Marc, notre ainé, est le seul d avoir choisi une voie differente. Le patrimoine comprend 25 hectares de terres. En cépages classiques, carignan, grenache, merlot, cabernet…
La production était, jusqu’à il y a trois ans, essentiellement dévolue aux négoces. « On livrait notre rouge en citerne et en Vrac. Mais on a décidé de passer à I ’embouteillage, au nom du Mas Fongal, de réaménager la cave de la rue Joffre pour y accueillir un petit caveau. Pas pour rien, mais pour le gamin. Benjamin le neveu. Le fils de Marc, l’ainé de la fratrie qui s’était tenu loin du domaine. Un héritier qui ne se destinait nullement à la vigne. Le baccalauréat, la fac de Sciences. Et puis, cette envie irrésistible. Benjamin prépare alors un brevet de viti-œnologue à Orange puis part en Nouvelle-Zélande pour « observer ce qui s’y fait, acquérir un bon anglais, le vocabulaire technique et œnologique approprié, fait ses classes dans d’autres domaines du cœur d’Hérault. Car il le sait : pour poursuivre ce que les générations de Lapeyre ont fait avant lui, il faut s’armer.
La cuvée rouge 2007 a obtenu la médaille d’argent au concours 2008 des vins de la Vallée de l’Hérault.
L’année prochaine, les bouteilles passeront de 6000 à 10 000. Le rosé s’annonce, le blanc suivra. Et pourquoi pas, le transfert de la cave sur le vieux mas familial de Bonniol, à la Taillade, en allant vers Montpellier. Pour plus de commodité. Les projets fusent. Et Georges n’est pas peu fier : le nom va perdurer, c’est certain. Grâce à Benjamin.
P. GUIPPONI