Pourquoi “le parler du vin”?

Le vin est un monde qui fascine, avec ses codes et ses règles. Le vocabulaire y est primordial. L’emploi du bon mot au bon moment vous place tout de suite dans le clan de “ceux qui savent” ou celui des “ignorants”.

Le vin est souvent une passion, parfois débordante, mais qui s’accompagne parfois d’un certain snobisme. Pourtant, comme je dis souvent à mes clients gênés qui me disent : ” Ah, mais moi j’y connais rien !”, l’important c’est j’aime / j’aime pas. (A NE PAS CONFONDRE AVEC C’EST BON / C’EST PAS BON, là le vigneron peut mal le prendre). Je ne vous parlerai pas ici de comment commenter un vin pour briller en société. Pour cela, le pipotron du vin est déjà disponible ici.

Pour répondre à Maud, pour ne pas la nommer, voici un petit article sur l’élevage des vins. Merci pour cette question “C’est quoi un demi-muid ?”, j’ai étendu ma réponse à tous les contenants en bois qui me venaient. C’est bon de se replonger là-dedans pour ne pas dire de bêtises 😉 .

Alors c’est quoi un demi-muid ?

Le muid est une unité de mesure dont la capacité fut définie vers 1590, 1 muid pour le vin équivalait à 200 pintes de Saint Denis ou 300 pintes de Paris soit presque 280 litres. C’est clair, non ?

Un tout petit peu d’histoire

Une partie du charme du monde du vin provient du bois que nous avons dans nos caves. Barrique, baril, fût,  feuillette, foudre, pièce, quartaut, ou demi-muid, tout cela reste des tonneaux (généralement en bois) qui était un moyen sûr de transporter du vin, de l’alcool ou autre denrée moins volatile comme de l’huile ou du grain. Et ce serait une invention gauloise ! Cocorico ! Maintenant, nous, vignerons, avons laissé les tonneaux aux pirates, et les barils à la poudre ou au pétrole pour garder le reste du vocabulaire.

Ce qui différencie tout ces objets est en fait leur capacité (approximative selon les régions).

Le quartaut fait alors 57 l., la feuillette 114 l., la pièce est en fait un autre nom pour une barrique. Elle fait 225 litres en bordelais mais 228 l. en Bourgogne. Les demi-muids que j’ai utilisé faisaient entre 400 l. et 450 l. mais il semble que cela puisse aller jusqu’à 650 l.

 

Plus grand, il y a les foudres qui étaient le récipient de vinification le plus répandu dans les caves du Languedoc avant l’arrivée des cuves bétons. Chaque village avait alors son tonnelier. Et pour l’anecdote, nous avons encore, au mas Fongal, un foudre fabriqué à Gignac.

 

Du coup, c’est quoi l’intérêt d’un demi-muid au 21eme siècle ?

Avant on utilisait le bois pour sa praticité et sa disponibilité, de nos jours, nous avons le choix. Quel intérêt alors d’utiliser des récipients chers, à usage limité dans le temps et plus compliqués à utiliser ?

• Ça a de la gueule : Il n’y a rien à dire c’est beau.
• Basiquement aussi, ce sont des contenants. Quand on en a et qu’ils sont utilisables, on les utilise.
• La micro-oxygénation : matériau poreux, le bois permet de laisser passer de l’oxygène en très faible quantité et progressivement. Cela permet d’arrondir des tannins trop puissant par exemple.
• Les tannins du bois : les premières années surtout, le bois va libérer ses propres tannins. Le but : participer à la stabilité et la longévité d’un vin.
• Le goût de bois : selon la qualité de bois (chêne français de différentes forêts, américain, châtaigner, etc…), la méthode et le temps de séchage, et les procédés de fabrication (technique de cintrage, intensité de chauffe), le nombre de vins successifs élevés dans la pièce de bois, celle-ci va apporter de nouveaux arômes au vin avec plus ou moins d’intensité et de bonheur. Cette phrase est super longue désolé. Tout dépend de la qualité du vin, des talents combinés du vigneron et du tonnelier et de la chance. Oui parce qu’on fait style qu’on maitrise tout, mais en fait on s’adapte à nos vins. Leur évolution, nos moyens, notre humilité et notre expérience sont les facteurs déterminant.
• L’intérêt d’un demi-muid par rapport à une barrique classique ce sont ses dimensions. Je m’explique : une plus grande quantité de vin est plus stable ce qui limite les possibilités de déviations qui en altèrerait la qualité. De plus la surface d’échange avec les fonds, plus ou moins grillés pendant la fabrication, est proportionnellement plus importante, ce qui permet de marquer d’avantage le vin. Pour finir, un demi-muid peut contenir autant  mais pour un peu moins cher que 2 barriques.
• Ça c’est le point que je garde parce que j’ai certainement oublié quelque chose, vous pouvez me le dire en commentaire.

Pour résumer : un demi-muid, c’est une des possibilité d’élevage de vin dans un contenant en bois. Voir écrit demi-muid sur une bouteille n’est pas forcément un synonyme de qualité. Cela fait partie du marketing du vin (conscient ou non). Pour se démarquer, on ne peut qu’entretenir le mystère et votre curiosité. A vrai dire, quoi qu’on écrive sur une bouteille, rien ne vous garantie la qualité d’un vin. Notre but alors est de vous rassurer et vous mettre en bonne position d’acheter ou d’apprécier une bouteille. Faite confiance aux vignerons et cavistes proche de chez vous, nous sommes là pour vous conseiller.

 

À venir dans Le parler du vin : C’est quoi un TERROIR ? ;   C’est quoi un CÉPAGE ? ; et bien d’autres sujets

Vous avez des mots du Parler du vin qui vous interpellent ? Demandez-moi, je ne sais pas tout mais je peux essayer de traduire des définitions qui sont parfois trop élitistes.